Penalty pour Potosi

Il fait nuit quand le bus atteint les 4000 mètres d’altitude de Potosi. Le terminal est un peu à l’écart du centre, mais sur le plan, l’hostel semble à quelques pâtés de maison seulement. 500 mètres plus tard on est déjà rincés. Tout avait l’air plat sur le plan – naïfs nous fûmes. Alors qu’on remonte au ralenti une avenue animée sans fin, nos sacs de 15 kg+ sur le dos, le souffle court tandis que le peu d’oxygène dispo dans l’air se mêle aux pots d’échappement de voitures ayant toutes plus de 20 ans et 350 000 km au compteur, on va recevoir le petit coup de pouce de bienvenue qui met bien. Un type nous voyant galerer nous demande où l’on va – « à l’hostel Koala Den » répondent en choeur vos deux gringos  – l’homme sourit et dit «  c’est mon hostel » – Bingo. Ni une ni deux, le mec nous dit qu’on est malades de remonter la ville avec nos gros sacs, nous arrête un bus, nous indique l’arrêt auquel descendre, et nous dit à tout à l’heure. Comme à la maison !!!

Son hostel fait partie de ces repères à Backpackers qu’on retrouve à travers toute l’Amérique du sud (et sûrement à travers la planète). On y croise d’autres voyageurs de toutes nationalités. Certains suivent la même route que nous, d’autres font le chemin en sens inverse. On échange des infos, des astuces, des conseils, des bons plans. On parle anglais, français, voir allemand en cas de force majeure. Qu’il est bon de revenir à des langues qu’on maîtrise maricon !

Potosi c’est un joli petit centre colonial, surmonté du fameux Cerro Rico. Une montagne bourrée d’argent et de minerais précieux, que les espagnols se sont fait un plaisir d’exploiter des siècles durant. Potosi fut longtemps une des plus grandes exploitations minière au monde. Le Cerro Rico dégoulinait d’argent, servant à frapper les pièces de monnaie du royaume d’Espagne. La transformation du métal en pièce se faisait à la Moneda, majestueux bâtiment devenu Musée au coeur de la ville. Lorsque le rendement de la mine vint à ralentir, la ville dû trouver d’autres sources de revenus et se concentra sur le tourisme. Aujourd’hui la mine ne produit plus grand chose, mais on peut y faire des visites guidées. 

 

 

En dehors du centre historique, la ville est uniforme : les maisons collées les unes aux autres, sont toutes faites des même briques oranges, que personne n’a l’idée ou l’envie de peindre. La Bolivie est le pays d’Amérique du Sud comptant le plus d’indigènes – ont à l’air plus pâle que jamais ! La plupart des femmes portent le costume traditionnel. Le coût de la vie est ridicule par rapport au Chili. La nourriture est simple et répétitive : choclo, papas, pollo. La vie est rude dans les Andes et on sentirait presque un soupçon de dépression dans l’air. 

Pour voir des sourires, on est allés voir un match de foot ! Oh con, Potosi jouait l’équivalent de l’Europa League (tu sais cette coupe récemment remportée par l’Olympique de Mars…. Oh wait !). C’était le match retour du tour préliminaire qui les opposait au club brésilien de Fluminense. Ils avaient pris 3-0 à l’aller. La tâche s’annonçait complexe, mais à 4000 mètres d’altitude, tout devient possible. Les brésiliens étaient comme nous, essoufflés rien qu’en marchant, incapables de produire du joga bonito. Les joueurs de Potosi, qui ont l’habitude de jouer aussi haut, se sont battus comme des diables. Ils ont gagné 2-0, loupant de peu le but qui nous aurait offert des prolongations, pour le plus grand plaisir de vous-savez-qui. Loin d’être plein, le stade sonnait un peu creux malgré un mini kop de 30 fada et une fanfare bien orchestrée. 

 

 

En sortant un peu de la ville, on retrouve de somptueux paysages andins qui ont servi de décor à une aprem détente au bord d’un petit étang. On était censés s’y baigner, mais apparemment il y a eu un mort au cours des mois précédents, du coup tout le monde est privé de dessert. 

 

 

Après Potosi, on voulait visiter Sucre, mais la ville était bloquée : aucun bus ne pouvait entrer ou sortir. Apparemment les revenus liés à la découverte de ressources naturelles entre Sucre et Santa Cruz, allaient revenir essentiellement à Santa Cruz. Pas question pour Sucre de se faire sucrer, alors ils ont tout bloqué. On espère qu’ils finiront par faire la paz !!!

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