C’est déjà l’heure du dernier stop en Bolivie ! Toujours en altitude, toujours un grand soleil dans un grand ciel bleu, mais cette fois ça se passe au bord d’un lac immense. Immense au point de ne pas voir la rive opposée : on dirait la mer. Posé à plus de 3000 mètres d’altitude, berceau de nombreuses civilisations andines, frontière naturelle entre la Bolivie et le Pérou, source intarissable de jeux de mots douteux, vous l’avez reconnu, mesdames, messieurs, le légendaire TITICACA !
Copacabana
On l’a découvert en y allant : il existe plusieurs Copacabana. Ici il y a aussi une plage, mais pas de fesses rebondies, ni de seins siliconés à l’horizon (chaque chose en son temps, vivement août grrrrrr). On y trouve de vieux pédalo déguisés en canard, qui après avoir connus leur heure de gloire au lac de Gerardmer dans les 70’s (fake news mais allez savoir), sont venus vivre une seconde jeunesse au Titicaca. Comme on adore le pédalo et les canards on a pas su dire non.
Copacabana vit par et pour le lac. Sa jolie baie et son port bordélique font tout son charme. La bourgade attire de nombreux curieux et regorge d’hôtels et restaurants. On retrouve donc un lit moelleux et des douches chaudes après le trou à rat de Sorata. On découvre aussi que la spécialité locale c’est la truite, cuisinée à toutes les sauces (à la plancha, frite, avec des oignons, des poivrons, au citron, en nuggets, etc). L’occasion de réaliser un grand-chelem, avec 3 truites en 3 repas.
L’autre spécialité locale c’est les couchers de soleil sur le lac. Pour l’apprécier au mieux, direction le mont Calvario, la petite colline à côté du port qui n’a l’air de rien, mais qui finalement porte bien son nom. Le sentier pour accéder au mont Calvaire est un chemin de croix au propre et au figuré. Une fois en haut c’est miraculeux : on ressuscite alors que le soleil s’éteint.
Isla del Sol
Saint Exupéry a dit « Le soleil a tellement fait l’amour à la mer qu’ils ont enfanté la Corse ». Il doit exister une phrase à peu près semblable en Quechua pour parler de l’île du Soleil. Depuis Copacabana, on rejoint l’île en 1h de bateau. Une fois débarqué, on commence par 20 minutes de grimpette pour rejoindre le village de Yumani. On peut louer des ânes pour porter les sacs, ou bien on peut se crever le cul et suer. On arrive en nage. On fait rapidement un constat d’évidence : il n’y pas une seule voiture sur l’île. Pas de klaxon, de moteur à l’agonie, de fumée noire, de pot d’échappement qui ne tient plus qu’à un fil : adieu métal hurlant. L’île n’est que sentiers pédestres et air pur. Notre auberge se situe un peu à l’écart du village, on passe poser nos affaires, et on part en reconnaissance.
L’île abrite 2 communautés, avec Yumani au sud et Challapampa au nord. Les deux villages sont en guerre pour une sombre histoire de dinero. Si proches, et pourtant si loin. La clique du nord a érigé un barrage au milieu de l’île : personne ne passe. Ce conflit de voisinage insulaire nous prive donc de l’autre partie de l’île, qu’on ne fera qu’apercevoir au loin. Peu importe, Yumani fait déjà un beau terrain de jeu. Hormis une petite forêt d’eucalyptus sortie de nulle part et quelques potagers, il ne pousse que brindilles et buissons sur les terrasses construites des siècles plus tôt par les Incas. Les habitants de l’île vivent isolés, tout en recevant chaque jour la visite de nombreux touristes. On se balade de partout, à la rencontre des ânes, des cochons, des lamas (big up au seul qu’on aura vu cracher… sur Solène mouahahaha). On mange encore de la truite (4/4, mode abuseur activé), et c’est ici qu’elle s’avère être la meilleure (on commence à savoir de quoi on parle). En fin d’aprem, direction le point culminant de l’île pour un nouveau coucher de soleil, toujours aussi suave. La nuit sur l’île c’est le règne du silence, idéal pour un sommeil de plomb. On se réveille en pleine forme pour petit-déjeuner face au lac, des oeufs brouillés au goût d’éternité.
La Bolivie c’était 3 semaines de douches à peine tièdes, de literie bancale, de draps plus âgés que nous, de wifi comateux, de poulet frit, de truites, de maïs et de patates sous toutes leurs formes, des oeufs brouillés et du café soluble chaque matin, de la Paceña, de la Huari, du machouillage de feuilles de coca, des infusions de coca, des minibus poussifs, des bus cracra, des téléphériques, de petites épiceries, des vendeurs de fruits & légumes à la sauvette, des soucis gastriques, des journées chaudes, des nuits glaciales, des paysages inoubliables, du désert de sel au lac Titicaca, en passant par la cordillère royale et ses monts blancs, un bout de jungle à Coroico, des balades, du VTT, du pédalo, une avalanche de lamas, des alpagas, des flamands, des ponchos, des chapeaux melon, des tresses, des sourires avec les chicots pétés, des maisons en briques, des stands plein les rues, chaos et harmonie, merci la Bolivie.
Muchay Muchay
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